Table ronde "Faire Eglise", Mgr Fonlupt — Action catholique des milieux indépendants (ACI)

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Table ronde "Faire Eglise", Mgr Fonlupt

Intervention de Mgr François Fonlupt sur la table ronde "Faire Église", à la suite de la présentation de Jean-Christophe Houot - Conseil National d'Angers, Défis et Enjeux de l'ACI

Monseigneur François Fonlupt est président du Conseil pour les Mouvements et Associations de Fidèles (CMAF), évêque de Rodez, il a été Aumônier diocésain de l'ACI et des mouvements en milieux indépendants (1992 - 2000).

 

Son mot d'accueil

 

Bonjour Jean-Christophe et bonjour à vous tous. Je me permets simplement, avant d’entrer dans l’échange, de vous saluer et de vous dire que je suis heureux de vous rejoindre, au nom de l’ensemble des évêques de vos diocèses et de l’ensemble des évêques de la CEF. Je suis là comme président du Conseil pour les Mouvements et Associations de Fidèles (CMAF). Vous avez accueilli ici, depuis hier, son secrétaire, le P. Jean-Christophe Meyer. Notre présence à tous deux est une manière de dire que la recherche que vous vivez, le travail que vous faites dans ce Conseil National, sont importants et précieux, non seulement pour votre mouvement, mais aussi pour la vie de notre Église.

« Faire Église »

la bienveillance

Donc je raccroche à la question qui nous occupe pour prolonger ce que nous proposait Jean-Christophe Houot. J’ai noté un premier enjeu, celui d’un a priori de bienveillance ; cela est venu consonner par rapport au mot d’hospitalité. Qu’en est-il de notre capacité à regarder l’autre, à l’accueillir, à le rencontrer, avec un a priori de bienveillance, c’est-à-dire une préoccupation, une volonté, un désir de percevoir en l’autre ce qu’il peut y avoir de beau et de bien ? Ce n’est pas si simple que cela. Notre manière de vivre fait de notre société une société un peu cabossée, en réaction, en confrontation, en opposition ; et tout ça peut assez facilement provoquer des réactions de repli. On cherche à se réassurer ; on cherche à se protéger ; on cherche à s’affirmer dans les repères qui sont les nôtres.

Ainsi, très profondément, l’a priori de bienveillance vient interroger cette attitude, et non pas parce qu’il le faudrait, mais parce que c’est une source à laquelle on va puiser, dans l’Évangile, auprès du Christ, et également dans la rencontre des personnes. Il y a un véritable appel à travailler notre capacité à accueillir l’autre avec bienveillance. On ne rencontre pas une personne de la même manière si on est persuadé qu’on a à accueillir quelque chose d’elle ou si, au contraire, on est plutôt fermé à ce qu’elle nous semble être, si l’on reste à ce que l’on pense qu’elle va nous dire, ou si on veut être celui ou celle qui va lui faire la leçon ou lui apporter telle ou telle chose.

Je crois que c’est cela qui peut fonder cette logique d’hospitalité : qu’est-ce que j’ai à accueillir ? Qu’est-ce que j’ai à recueillir ? Qu’est-ce que j’ai à moissonner ?

Une bienveillance qui ne soit pas distante, nous interroge aussi sur la manière dont nous sommes capables de rejoindre, d’être avec, de marcher, et nous entraîne à rejoindre et à accueillir. Autant de mots qui peuvent être importants à laisser résonner dans notre esprit, dans notre cœur. Ce que nous vivons doit nous lier, nous relier à d’autres. Qu’est-ce qu’il en est concrètement et qu’est-ce qui nous permet de rejoindre les personnes et de percevoir ce qui les travaille profondément ?

le don

Accueillir le meilleur de l’autre, et le faire vraiment, demande quelque peu de se dessaisir de soi-même. Jean-Christophe nous a parlé du don ; donner sa vie ce n’est pas partir en guerre en sacrifiant sa vie ; c’est peut-être avant tout, être capable de se dessaisir de soi pour laisser de la place à l’autre. Dans nos vies familiales, professionnelles, dans nos lieux de travail, dans nos relations, dans tout ce qui fait les liens de nos existences, quels chemins avons-nous à parcourir en ce sens ?

Que vivons-nous déjà, pour être moins ‘propriétaires’ de nous-mêmes, pour moins nous saisir de nous-mêmes, de nos certitudes, de nos convictions, de nos habitudes, et pour être un peu plus en capacité d’accueil de ce que sont les autres, et de la richesse qu’ils nous partagent ?

Pour ce que j’en connais, je crois que la vie d’équipe que vous pratiquez les uns et les autres, et plus largement la vie d’un mouvement comme l’ACI, est un lieu assez précieux pour l’apprentissage de cela. Accueillir ne va pas de soi, il faut s’aider à le vivre. Si cela ne va pas de soi, c’est qu’il y a des résistances en nous. Et lorsque l’on est plusieurs à se permettre d’accueillir la vie des autres avec bienveillance, cela ouvre des chemins. Il me semble que l’équipe est d’abord ce lieu, où on prend le temps de se rencontrer, de s’arrêter longtemps, régulièrement et, peu à peu, d’apprendre à, non seulement parler, mais écouter, connaître l’autre, apprendre à le respecter, à entendre ce qu’il veut nous dire, parfois au-delà des mots qu’il utilise pour parler de sa vie. Les mots sont souvent insuffisants pour dire ce qui nous ‘travaille’ en profondeur, et ce lieu de la vie d’équipe est alors une chance fantastique. J’espère que vous le mesurez. C’est comme un trésor, mais qui n’est pas pour soi. Ce n’est pas : « j’ai de la chance, je suis en équipe et c’est très bien » ; l’équipe est aussi un lieu qui vient façonner pour chacun une attitude par rapport à d’autres. Si elle est un lieu-source, qui nous permet de nous accueillir dans cette vérité-là, qui nous permet d’être bienveillant pour d’autres, et de découvrir la bienveillance que d’autres peuvent avoir pour nous, alors cela nous permet de regarder nos vies ensemble, et ne peut que se répercuter sur la manière dont nous vivons avec d’autres, dont nous les rencontrons, et déployons cette même attitude par rapport à eux.

ce que vous vivez au sein de vos équipes et de votre mouvement, est quelque chose de précieux pour la vie paroissiale

Je le dirais aussi d’une autre manière : la vie de l’Église dans sa grande diversité, et particulièrement dans la vie paroissiale, ou dans les réseaux ecclésiaux que nous pouvons connaître ou pratiquer est traversée par les mêmes enjeux. Et je suis persuadé que ce que vous vivez au sein de vos équipes et de votre mouvement, est quelque chose de précieux pour la vie paroissiale. Ce n’est pas parce qu’on est dans une paroisse qu’on est davantage prêt à s’accueillir, qu’il n’y a pas des ‘quant-à-soi’, qu’il n’y a pas des groupes qui se situent les uns par rapport aux autres. Partout il y a cet appel et cette exigence de la communion. Nous pouvons prendre notre part de ce service.

Il me semble ainsi, que cette dynamique de bienveillance ou d’hospitalité, peut se déployer dans notre manière de rejoindre bien des personnes, comme au sein même de nos communautés d’Église.

La place de l’Écriture

Nous ne sommes pas orphelins. Nous ne sommes pas sans histoire. Nous ne sommes pas sans parents, sans tradition. Cela est vrai à la fois dans notre histoire humaine, et également dans notre histoire croyante.

Ce qui nous permet de vérifier que nous ne sommes pas orphelins, c’est effectivement que nous est remis le livre de la Parole de Dieu. Ce livre qui nous transmet un certain nombre d’événements, de récits, d’histoires. Ce livre qui est une bibliothèque, mais qui nous permet peu à peu de mesurer comment à travers l’histoire d’une portion de cette humanité, Dieu dit quelque chose aux hommes ; Dieu dit quelque chose à un peuple, et lui manifeste sa bienveillance. Je veux suggérer à travers cela, que l’Écriture, en particulier le Premier Testament, nous parle de cette longue découverte d’une proximité, d’un compagnonnage de Dieu avec les hommes, avec un peuple qu’il se choisit, et avec qui Il noue une Alliance. Et la présence de Jésus au milieu des hommes vient concrétiser, densifier et sceller le mystère de cette Alliance de Dieu avec les hommes.

nous essayons d’entendre comment ceux qui nous transmettent ces récits nous expriment la manière dont ils ont perçu la proximité de Dieu qui marche avec eux

Donc, quand nous lisons l’Écriture, nous ne la lisons pas comme un texte qui nous parlerait d’une manière étonnante, voire miraculeuse, de l’intervention de Dieu dans les événements de la vie des hommes, mais nous essayons d’entendre comment ceux qui nous transmettent ces récits nous expriment la manière dont ils ont perçu la proximité de Dieu qui marche avec eux. Cette découverte est tellement étonnante qu’elle nous est racontée de manière exceptionnelle, au point que nous pouvons le percevoir comme quelque chose de merveilleux, si nous ne faisons pas ce travail de discernement.

Ainsi, lorsque l’on ouvre l’Écriture, un temps d’appropriation est nécessaire pour percevoir ce que Dieu dit aux hommes à travers les événements qui nous sont rapportés. Peut-être qu’une très bonne manière de faire ce travail d’appropriation, c’est de lire l’Écriture en résonnance avec nos propres vies, avec nos propres histoires, avec ce que nous partageons. J’espère que vous en avez souvent fait l’expérience ; c’est en tous cas une expérience toujours très stimulante, de découvrir comment un texte de l’Écriture peut nous parler différemment lorsqu’il est pris comme tel, alors qu’il peut nous sembler hermétique et, à l’inverse, l’expérience que l’on peut faire avec le même texte, lorsque, médité à plusieurs il vient faire écho à ce que nous partageons. Ainsi, si vous accueillez la Parole en équipe, au cœur de votre partage, l’accueil de cette parole va être informé, comme naturellement, par ce que vous avez partagé précédemment de vos vies. À ce moment-là, la Parole va résonner autrement, parce que vous la recevez dans un certain contexte.

Ainsi, la Parole vient éclairer nos vies et ce que nous avons pu en partager, comme ce que nous avons partagé de nos vies va nous faire entrer autrement dans le texte que nous accueillons. Il y a là une expérience croyante tout-à-fait fondamentale qui nous aide à comprendre que Dieu n’intervient pas extérieurement dans nos histoires, mais marche avec nous. Et nous pouvons nous aider à accueillir ce que nous dit sa proximité, sa présence. Une fois encore, sa présence bienveillante. L’Écriture ne cesse de nous dire cela, parfois dans des récits, dans des signes, des expressions qui nous sont un peu étrangères, et il nous faut avoir quelques clés qui peuvent nous aider à les décrypter ; mais elle nous le dit d’autant plus que nous pouvons vérifier que cela résonne dans l’aujourd’hui de nos vies.

Je crois que faire place à l’Écriture, c’est une manière d’accueillir ce trésor pour nous aider à percevoir comment nos vies aujourd’hui sont nourries par ce même trésor de la présence de Dieu. Et puis, l’Écriture est aussi cette ressource qui nous permet de croire que, quand nous racontons nos vies et que nous cherchons en elles ce qui fait sens, cherchant à y déceler la présence de Dieu, nous ne nous racontons pas des histoires. D’autres ont fait ce travail précédemment ; d’autres nous l’ont transmis en mémoire, en tradition, et nous invitent ainsi à faire confiance, dans nos vies, Dieu est proche, Il peut être recherché, et parfois Il peut être nommé.

Donc, dans un partage croyant, attentif aux événements de nos vies et de la vie de la société, il y a cet enjeu d’une relation, entre l’Écriture, la Parole de Dieu, et nos paroles d’hommes qui s’ouvrent à la Parole de Dieu, parce qu’elle perçoit et exprime que Dieu marche avec nous. Ainsi partager une parole sur nos vies est quelque chose de très important, qui nous permet d’accueillir avec une profondeur renouvelée l’Écriture et donne également une force étonnante à nos histoires.

Questions

À Rome, une petite fille dit tout de go à sa grand-mère dans une église : « Tu sais grand-mère,  je ne crois en rien. » Quelle réponse fait-on à des jeunes qui, par provocation, disent « tu sais je ne crois en rien », mais demandent implicitement : « Grand-mère, dis-moi en quoi tu crois. » Quelle est la bonne réponse à faire ?

C’est bien que des grands-parents aient des petites-filles, et qu’elles leurs livrent ces remarques. Ce n’est pas anodin de dire à quelqu’un que l’on ne croit pas ! Cela nous aide à percevoir une grande vérité que l’on avait peut-être un peu oubliée : « On ne naît pas chrétien mais on le devient. » C’est une expression de Tertullien, une affirmation qui est dans la tradition de l’Église depuis longtemps et qu’on a un peu oublié. Je suis évêque d’un diocèse où l’on ‘naissait chrétien’, tout le monde était chrétien, aussi si on ne l’était pas on était montré du doigt ; et aujourd’hui on ne naît plus chrétien, et donc il faut apprendre à le devenir ; et ce n’est pas forcément étonnant, même si c’est une souffrance ou une question pour beaucoup de grands-parents. Ils sont nombreux à exprimer cela : « Comment se fait-il que mes enfants, mes petits-enfants, qui ont pourtant plein de valeurs et de richesses, sont plein de générosité, ne consonnent pas à cet horizon de la Foi ? »

Nous avons évoqué la difficulté pour les jeunes d’entrer dans la méditation de la Parole de Dieu. La question c’est : comment permettre à des plus jeunes d’entrer dans la méditation ?

Je ferai le lien avec la deuxième question sur la difficulté d’entrer dans la méditation pour les jeunes. Je me posais la question, mais il faudrait un peu le vérifier ou en débattre : comment les jeunes entrent dans un regard sur leur vie ? Je dis cela, parce que la vie va vite, elle va très vite pour les jeunes générations ; il y a de multiples aspects, la vie personnelle, la vie affective, la vie professionnelle, la vie de relation, la vie avec les enfants si on commence à en avoir et si on les accompagne… On peut passer d’une chose à l’autre, sans avoir véritablement de lieux, qui soient organisés ou pas, pour se dire à soi-même : ‘c’est quoi ma vie ?’, ‘d’où vient-elle ? ‘, ‘où va-t-elle ?’, ‘qu’est-ce qui la fonde ?’, ‘qu’est-ce qui l’anime ?’, ‘qu’est-ce qui la bouscule ? etc.

Il me semble que pouvoir faire ce travail de réflexion, de relecture – ce que l’on peut appeler la relecture de sa vie – en apportant peu à peu des réponses à toutes ces questions, cela nous fait goûter à la densité de notre vie. Et, goûter à la densité de la vie, rejoint ce que je vous disais tout-à-l’heure, va nous aider à rentrer dans la densité de l’Écriture, et à recevoir un texte, non pas simplement extérieurement et de manière un peu formelle, mais en l’accueillant dans ce qu’il nous exprime profondément. Il me semble que la rapidité de la vie aujourd’hui et sa grande diversité n’aident pas forcement à cette intériorité ; et en particulier pour les jeunes générations, qui n’ont peut-être pas bénéficié comme vous, de lieux qui aident à cette intériorité ; ils sont plus en manque de ces lieux pour en débattre.

Nous avons été sensibles à ce que vous avez dit sur l’humilité, parce qu’on se dit peut-être que le fait que l’Église soitminoritaire aujourd’hui, cela nous oblige justement à cette humilité-là, et que c’est peut-être une grâce pour avancer autrement ; et dans l’avancée autrement, on notait que c’était aussi peut-être une conversion personnelle et collective à faire, que de se dire « je ne suis pas là pour apporter quelque chose à l’autre, mais je suis là pour reconnaître qu’il peut m’apporter quelque chose ». C’est aussi un petit changement dans notre tête.

Le premier aspect est plus une remarque qu’une question, puisque quand vous évoquez le fait que « je suis moins là pour apporter quelque chose à l’autre que pour découvrir qu’il a quelque chose à m’apporter ». Ce renversement, qui est de l’ordre de la conversion, de l’ordre du décentrement par rapport à soi, de l’ordre de la capacité à accueillir l’autre tel qu’il est, est toujours à vivre et à revivre. Ce n’est jamais acquis. Je ne vois pas comment cela pourrait être acquis un jour. En même temps, il y a là quelque chose de fondamental, et bien des pages de l’Évangile peuvent nous aider à regarder le Christ agissant de cette manière-là. Il est souvent moins en posture d’apporter quelque chose que dans celle d’accueillir et de s’étonner de ce qu’il accueille et d’être ainsi entraîné plus loin par ceux qu’il accueille : « femme ta Foi est grande » etc. On pourrait creuser cela, et travailler cette attitude de fond : « J’ai quelque chose à accueillir de l’autre, parce que je crois qu’il est habité par plus grand que lui, et que le Dieu auquel je crois, c’est aussi par la rencontre avec l’autre, que je vais en accueillir plus profondément le mystère. »

Concernant l’accueil des musulmans, deux situations se présentent : soit les musulmans répondent à une invitation, les chrétiens savent où ils sont, il faut se situer quand même pour pouvoir échanger avec eux ; et puis dans la société nous sommes confrontés à la présence musulmane qu’on peut rencontrer dans l’action. Il y a deux façons d’être chrétien auprès de musulmans, comment le vivre sereinement, avec humilité ?

Quand vous parlez de la relation avec les musulmans, c’est une illustration concrète de cela. D’une certaine manière, c’est une illustration parmi d’autres. Rencontrer des musulmans c’est rencontrer des personnes, et des personnes croyantes ; et c’est rencontrer des personnes croyantes qui expriment leur Foi ou qui accèdent au mystère de Dieu par un chemin et une tradition qui n’est pas la nôtre. Donc, je peux très bien me dire : « ils n’ont pas tout compris ou, ils ont encore du chemin à faire, pour comprendre ce que moi j’ai compris », et faire alors tout ce qu’il me semblera devoir faire pour accélérer le chemin qu’ils pourraient faire pour les amener à comprendre la foi en Dieu comme je la comprends. Ou bien, je peux aussi dire : « Ils me disent quelque chose d’étonnant, de surprenant, qui, par bien des aspects, n’est pas totalement compréhensible pour moi dans mon histoire, dans ma culture et dans ma Foi ; mais ils me disent aussi quelque chose d’une approche de Dieu qui peut m’ouvrir à d’autres aspects de son mystère. » Si je me situe de cette manière-là, cela va alors ouvrir des possibles dans le dialogue. Ils ne vont pas faire que je vais devenir musulman, mais ils vont peut-être m’inviter à accueillir quelque chose de leur propre histoire et de leur propre tradition, là encore avec bienveillance, et avec la volonté d’accueillir de leur part quelque chose du mystère de Dieu dont, à leur manière ils témoignent.

J’ajouterai simplement que, accueillir d’autres de cette manière-là, ne nous entraîne pas à la relativité ou à la fragilité dans ce que nous sommes et croyons mais, au contraire, nous oblige d’autant plus, à être solides dans ce que nous sommes, dans ce que nous croyons. Rencontrer l’autre en vérité me demande de me tenir vivant et debout en vérité. Et plus je serai solide au sens d’une solidité intérieure et d’assurance dans ce que je porte, et plus je serai effectivement capable de rencontrer l’autre en vérité.

Dans la rencontre inter-religieuse, il y a beaucoup de choses de cet ordre-là qui sont en jeu : il ne s’agit pas de relativiser son adhésion à la Foi au Christ pour être capable de rencontrer l’autre ; il faut au contraire être solide dans sa rencontre avec le Christ et dans sa Foi pour rencontrer l’autre et, à ce moment-là, être capable de le recevoir et de l’écouter dans sa propre Foi.