Je me sens européenne et j'ai envie de vous le dire — Action catholique des milieux indépendants (ACI)

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Je me sens européenne et j'ai envie de vous le dire

Claude Thiéry, membre de l'ACI à Nevers témoigne de sa vie européenne au quotidien

Je me sens européenne et j’ai envie de vous dire comment je le vis.

-Nous faisons partie depuis 3 ans du jumelage Nevers- Neubrandenburg et nous découvrons toute une série d’aspects que nous ne soupçonnions pas. Jusque-là les jumelages nous semblaient un peu désuets et affaire de cheveux gris, voire blancs. (On a nous-mêmes des cheveux gris !) . Outre les voyages de découverte, il y a des échanges au niveau musical, sportif et scolaires. Les professeurs d’allemand des lycées sont motivés et veulent vraiment que les jeunes fassent l’expérience des échanges de quelques jours à 3 mois pour certains.

 

- D’autre part voilà 9 ans que nous sommes accueil de pèlerins à domicile. Des pèlerins qui vont à Saint-Jacques de Compostelle par la voie de Vézelay. C’est une voie empruntée majoritairement par les belges, les hollandais, les allemands. Chaque soirée passée avec un pèlerin est pleine de partages et d’apprentissages. Eux nous parlent de leur vie, des réalités de leur région et nous interrogent sur Nevers, l’emploi, l’industrie, l’agriculture. Ça nous oblige à nous tenir informés de ce qui se passe tout près de chez nous…c’est donc un bel échange réciproque.

 

- En mars 2018 nous sommes allés à une conférence sur la vie de Simone Veil organisée par un enseignant. A sa grande surprise 150 personnes sont venues. Il a beaucoup insisté sur l’engagement européen de celle-ci. (Ce qui a été redit lors de ses obsèques en juillet). Il relatait entre autre une interview où madame Veil répondait à la question « comment avez-vous fait pour être capable de retourner en Allemagne quelques années seulement après le retour des camps ? » Et elle de répondre « les camps c’était une enclave dans l’Allemagne, mais ce n’était pas l’Allemagne de tous les jours. Ça n’avait rien à voir. Donc je pouvais vivre en Allemagne une vie ordinaire qui ne ressemblait en rien du tout aux camps. »Cela m’a beaucoup marqué. C’est grâce à des gens comme elles qui ont pris du recul, et séparé comportements de guerre et vie quotidienne, que l’Europe a pu naitre comme dit dans l’article de F.michaud p51 courrier 186.

 

 

 

- Et pour terminer je voulais parler d’une autre réalité que nous vivons. Notre fils est porteur d’une maladie rare qui touche les poumons (L’HTP). Nous adhérons à une association qui regroupe les patients et leur famille. A la dernière Assemblée générale, une des conférences s’intitulait « ce que l’Europe apporte aux patients ».

Voilà des extraits du compte-rendu.

Une citation de Jean-Paul II à notre grand étonnement …. mais un peu détournée

«L’Europe doit respirer avec ses deux poumons : celui de l’Est et celui de l’Ouest »

Depuis plusieurs années, les associations de patients et les experts de l’hypertension pulmonaire (HTP) structurent leurs actions pour donner aux malades européens les mêmes droits, les mêmes soins, afin que vivant à l’est ou à l’ouest, ils puissent respirer avec leurs deux poumons, le gauche et le droit.

L’action au niveau Européen  (PHA Europe) consiste à améliorer la qualité de vie des patients, à améliorer le nombre de dons d’organes et de transplantations,  à identifier les pays qui n’ont pas encore d’associations de patients, à les soutenir pour en créer une, à faire circuler les informations et à promouvoir des formations.

 

La santé est un droit fondamental, elle est inhérente aux droits de l’homme, elle en est un élément fondamental. Dans les analyses macroéconomiques des états membres, la question de la santé est bien présente. L’union européenne n’est donc pas qu’une union économique et monétaire. Le socle européen des droits sociaux en est la preuve.  Mais il reste des inégalités dans l’accès aux soins et dans  leur prise en charge. Il y a une directive à ce sujet (directive soins transfrontaliers) que chaque état membre doit respecter et à laquelle il doit souscrire qui permet à un patient d’être soigné dans un pays autre que le sien et de bénéficier d’une prise en charge dans les mêmes conditions que si ces soins avaient été reçus dans son état d’affiliation. Dans le cas des maladies rares la priorité est de donner le meilleur avis médical à un patient qui se trouve n’importe où en Europe. Le premier cas étudié à distance est celui d’un patient polonais avec l’expertise de médecins se trouvant à Paris et en Espagne grâce à une plate-forme d’échanges.

 

Voilà les différents témoignages que je voulais donner. J’ai bien conscience qu’il s’agit souvent de liens interpersonnels qui font une Europe humaine plus facile à mettre en œuvre que la gouvernance générale  de tous les états membres. Mais c’est peut-être par ces liens de personne à personne que l’on peut convaincre les réticents de l’importance d’être vigilants sur l’avenir européen.

 

Claude Thiéry. Nevers. Le 17 septembre 2018.