Faire Eglise — Action catholique des milieux indépendants (ACI)

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Faire Eglise

Depuis septembre, de nombreux territoires se retrouvent pour échanger sur l’avenir du mouvement et bâtir ensemble leurs plans d’actions territoriaux. Retour sur un des enjeux et défis de l’ACI : Faire Eglise !

Faire Eglise

 

Depuis quelques années, l’Église est entrée dans une crise profonde. Ou plutôt, elle est peut-être entrée dans le temps de résolution de la crise. Car ce qui vient au jour était là, caché derrière la réussite théologique, pastorale et spirituelle. Apparente réussite ! Telle est la première leçon de ce que nous vivons : il n’est jamais de réalité ecclésiale ou de réalité de vie qui soit la parfaite expression du Royaume de Dieu sur terre. Et de plus, il ne faut pas sous-estimer l’enfermement dans lequel nous tient la puissance du péché. C’était déjà l’expérience de saint Paul : « Je ne fais pas le bien que je veux et je fais le mal que je ne veux pas. »

 

Temps de crise de l’Église …

Le Pape François – avec beaucoup d’autres membres de l’Église, en responsabilité pastorale ou non – a décidé de regarder la réalité en face. Nommer le mal, c’est déjà contribuer à en atténuer la puissance. L’Église contrainte à traiter de la pédo-criminalité en son sein sous la pression des sociétés – qui finalement ont affiné leur conscience morale sur certains points. Cela est étendu à toutes les questions d’abus de tous ordres sur des enfants, mais aussi sur des adultes. Le concile Vatican II, a affirmé que l’Église a aussi à recevoir du monde : c’est ce qui se produit aujourd’hui.

Face à cette grave question – une réalité criminelle et des phénomènes inadmissibles masqués par l’hypocrisie – le Pape François demande d’aller bien au-delà des apparences. Il débusque le cléricalisme comme le mode de fonctionnement qui a permis le développement d’un tel cancer. Et logiquement, pour travailler à transformer cette situation, il faut travailler de façon non cléricale. C’est le sens de ses lettres au Peuple de Dieu qui chemine au Chili du 31 mai 2018 et au Peuple de Dieu (dans son ensemble) du 20 août 2018.

L’appel du Pape François a été accueilli à l’ACI alors que le groupe Évolutions avait été missionné pour travailler sur la responsabilité et la mission des laïcs dans l’Église de France. Du coup, ce travail a été connecté à la réflexion que le pape demande dans toute l’Église. Un temps de partage a eu lieu lors du séminaire des coordinateurs de territoire, puis une lettre de soutien a été adressé au Pape et le mouvement a publié une parole publique concernant cette grave crise et sur les enjeux du cléricalisme.

 

… temps de discernement pour la mission de l’ACI et son projet ecclésial

Aujourd’hui, nous proposons de réfléchir à la contribution que nous apportons à la transformation de l’Eglise en formulant positivement notre projet ecclésial et en évitant de s’installer dans une simple posture de « revendication »vis-à-vis de l’Eglise institution et de leurs responsables, les Evêques. Nous sommes une composante de l’Eglise universelle, à nous de reprendre le charisme de l’ACI, de l’approfondir, de le purifier. Tel est l’enjeu de ce premier axe d’orientation.

L’appel du Pape François aux laïcs – qu’ils prennent toute leur place au nom de leur baptême – pour aider à la conversion de l’ensemble de l’Église devient alors pour nous un appel à réfléchir à ce que nous faisons en faisant mouvement : faire Église, c’est-à-dire se donner les moyens d’une sortie de soi et mettre comme critère de tout ce que nous entreprenons, le bien du faible, du petit, du fragile. Car le mal qui ronge l’Église est finalement la perte de conscience que ces derniers sont en son centre.

Nous sommes aussi chargés – à notre niveau de responsabilité, mais il ne faut le négliger – de travailler à la conversion de la communauté de foi, la communauté des disciples du Christ, dont nous sommes une part (personnellement et comme mouvement). Cette conversion comporte une double dimension : personnelle et collective, c’est la mission classique de l’ACI. Elle est aussi conversion des fonctionnements ecclésiaux pour lutter contre tous les cléricalismes. Et cela passe par une révision des fonctionnements.

Le Pape François invite pour ce faire à déployer la vision d’une Église synodale, c’est-à-dire d’une Église qui avance en impliquant tous ses membres dans les décisions qu’elle prendra. Cela veut dire : responsabilité de tous, dialogues francs, élaboration collective des décisions ; sans pour autant nier la portée du ministère ordonné. En arrière-fond, il faut substituer à l’image du troupeau qui suit ses pasteurs comme les moutons de Panurge (parce que c’est plus confortable ou parce qu’ils y sont contraints) celle d’une communauté d’hommes et de femmes responsables avec en son sein ses ministres ordonnés (ministre = serviteur).

Notre projet ecclésial s’inscrit dans cette perspective de redonner toute sa consistance à cette vision développée par le Pape François, qui implique que notre responsabilité baptismale est valorisée, non pas dans le cadre d’une lutte de pouvoir mais dans celle d’une édification du Corps du Christ. C’est dans cet esprit que nous proposons de définir des priorités d’action en territoire et à l’échelon national.

 

Quelques points d’attention et de recherche sur les différents ENJEUX de notre Faire Eglise:

Dans le monde :

  • Notre foi, notre vie chrétienne et notre conception de la religion sont indissociables de notre engagement dans le monde. La question de l’ouverture au monde est consubstantiel à notre manière dans notre faire Eglise : nous sommes appelés à porter notre regard vers l’extérieur. Notre projet est de croiser la vie et l’Evangile. Nous ne sommes pas seulement dans le cultuel, ni seulement dans la Révision de Vie : nous voulons être signe d’Eglise en étant enracinés dans le monde.
  • L’enjeu précédent a une dimension collective : nous sommes une composante de l’Eglise enracinée dans les situations de vie de nos milieux, engagée dans leur Evangélisation par une capacité d’écoute, d’attention et de respect (dimension enquête), à travers des témoignages visibles, l’invitation à des conversion individuelles et collectives et une transmission de la foi respectueuse de la liberté des personnes (par opposition au simple prosélytisme). Cette dimension collective prend particulièrement en compte les plus vulnérables, les petits et le respect de la dignité des personnes à travers nos choix, nos actions, nos responsabilités professionnelles, sociales, associatives.
  • Cette ouverture au monde construit aussi une capacité, un intérêt et une démarche pour l’échange, le dialogue franc et l’écoute de la différence. Nous ne sommes pas les détenteurs d’une vérité universelle et exclusive. A travers les agoras, l’ACI contribue au développement de la cohésion sociale, d’une culture du débat démocratique ; A travers son Faire Eglise, le mouvement fait aussi Société.
  • L’engagement du mouvement dans le monde n’est pas toujours visible, il passe par ses membres ; mais il devient  visible quand le mouvement prend la parole publiquement sur l’actualité ou quand des territoires organisent des agoras, espaces de dialogue et de recherche ouverts à tous.

Dans le mouvement :

  • La relecture des expériences de vie (révision de vie, enquête) en équipe et en lien avec la méditation de la Parole de Dieu et la prière est l’axe central de notre mouvement. Elle est spécifique de l’ACI et essentielle dans le discernement d’appels à la conversion, individuelle et collective, dans la transmission de la foi.
  • Nous faisons Eglise en faisant équipe avec des personnes en recherche rejoignant des personnes qui sont loin de l’Eglise. La liberté de réflexion et de parole au sein des équipes ACI en fait un lieu d’Eglise précieux pour les personnes éloignées d’elle ou enracinées dans certaines réalités.
  • Les membres du mouvement ne sont pas une petite élite : ils sont appelés à se tourner vers l’extérieur et vers leur milieu de vie, à témoigner seul ou ensemble de leur engagement et à appeler d’autres à les rejoindre (dimension missionnaire)
  • Les laïcs sont clairement en responsabilité dans le mouvement, dans une vraie coresponsabilité avec les prêtres. Le partage des responsabilités s’applique dans l’élaboration des décisions à toutes les dimensions de la vie du mouvement : entre hommes et femmes, entre l’ensemble des territoires et l’échelon national.

 

Dans l’Eglise :

  • L’ACI affirme clairement son identité comme mouvement et communauté d’Eglise, avec l’ensemble de ses spécificités qui donne sens à sa mission et à son projet. Mais elle n’est pas l’Eglise à elle seule, elle est liée à l’Eglise universelle par sa relation à la Conférence des Evêques de France et au Pape François.
  • Dans cet esprit, le mouvement est respectueux des autres manières de faire Eglise, des autres mouvements et services d’Eglise, des équipes paroissiales et des diocèses. Il coopère avec eux. Le service en paroisse ou dans d’autres lieux d’Eglise est aussi l’occasion de rejoindre d’autres chrétiens qui peuvent trouver dans le projet de l’ACI une réponse à leur recherche.
  • La coopération avec les autres mouvements et services d’Eglise est aussi l’occasion pour le mouvement et ses membres de travailler à une transformation de l’Eglise et des fonctionnements ecclésiaux

 

Face à ces enjeux et ces points d’attention, que retenons-nous comme priorités d’action et comme objectifs pour une meilleure appropriation du projet ecclésial de l’ACI dans les équipes et sur le territoire pour les quatre prochaines années.