Bioéthique: face à notre commune humanité — Action catholique des milieux indépendants (ACI)

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Bioéthique: face à notre commune humanité

La loi sur la bioéthique divise, elle touche chacun d'entre nous parce qu'elle parle de nos vies. Avec cette parole L'ACI invite chaque membre à réfléchir à cette question.

communiqué de l'ACI, 21/11/2019

Parole publique

 

La loi sur la bioéthique vient d’être votée en première lecture. Elle fixe des règles qui dessinent la forme d’humanité que nous voulons faire émerger dans les 20 à 30 prochaines années. C’est pourquoi elle met en tension les convictions de chacun, les conceptions que les différentes communautés ont de la vie ; elle suscite aussi des interrogations et des inquiétudes sur des sujets fondamentaux pour notre avenir. Peut-on considérer que la naissance d’enfants sans père, a fortiori en dehors d’une vie de couple, sera sans conséquence pour leur développement personnel et sur l’évolution de notre société ? Est-il légitime que les budgets de protection sociale financent des actes qui ne sont pas destinés à soigner des maladies, ni faire de la prévention, alors que se pose la question de réduire l’aide médicale d’Etat ?

Nous voulons souligner que les choix réglementaires s’appliquent à des personnes, dans des situations qui sont à chaque fois particulières. Au sein des équipes d’ACI, les partages de vie montrent que nous sommes tous concernés par ces questions qui touchent parents, amis, collègues de travail. Nous sommes témoins que si la loi fixe des règles, les personnes ont besoin d’être écoutées et soutenues dans les situations vécues. Le débat public ne doit pas seulement porter sur des principes, aussi justes ou critiquables soient-ils, mais également sur la manière dont les personnes sont accompagnées pour mûrir leurs décisions, prendre en compte leurs besoins, leurs attentes et pour soulager leurs souffrances. C’est dans cet esprit que les équipes ACI se saisissent et débattent de ces questions.

Ces partages de vie permettent de souligner quelques repères. Les situations vécues nous placent face à la fragilité de notre condition humaine, qu’il s’agit de ne pas occulter. Cette vulnérabilité nous rend sensibles, elle est la condition de tout amour. Les témoignages que nous recueillons incitent aussi à souligner les limites du modèle de la personne autonome dans les situations marquées par la souffrance et la douleur : seule la sollicitude des soignants et des proches, la solidarité du système de soins et de protection sociale, sont à même d’apaiser les personnes et d’assurer leur dignité. C’est à cette aune qu’il faut décider des règles qui s’inscrivent nécessairement dans les contraintes économiques et budgétaires.

Enfin, les discussions en équipe montrent comment les femmes et les hommes confrontés à ces situations difficiles et renonçant aux rêves d’invulnérabilité, grandissent en humanité, comment l’attention aux autres, en premier lieu aux plus fragiles, fait surgir des chemins de vie et d’espérance, comment la reconnaissance des limites humaines, qui sont notre lot commun, conduit à faire alliance et à faire société.

 

Marc Deluzet, président de l'ACI, avec le Comité National