Territoire de Soissons: Comment se passe une journée de rentrée? — Action catholique des milieux indépendants (ACI)

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Territoire de Soissons: Comment se passe une journée de rentrée?

Ce samedi 7 octobre 2023, les membres de l'ACI, les prêtres accompagnateurs, les sympathisants se retrouvent pour une journée sympathique au monastère des Bénédictines de St Thierry près de Reims.

Au nombre de 26 venant de la Thiérache, de St Quentin, de Laon, de Château-Thierry, de Soissons, après un généreux café-gâteaux et autres, nous allons approfondir le thème de l'année proposé par le National "Comment agir pour plus de justice ?", et nous parlerons de l'Espérance, thème de notre méditation pour l'année.

 

Annick-Marie Dron nous accueille par la présentation des 2 thèmes cités.Thèmes difficiles; nous dit-elle, mais combien actuels !

Comment agir pour plus de justice?

La justice est un concept qui varie avec le temps (Monarchie, Gilets Jaunes), avec les conceptions culturelles ou cultuelles. Il n'est pas aisé à définir : égalité ? impartialité ? légalité ? Il est difficile de se positionner soi-même sur le fait d'être juste, cela n'est ni inné, ni acquis définitivement.

Qu'est-ce qui nourrit ce positionnement ? Un ressenti, une impression, la morale, l'éthique personnelle, la foi ?

La justice nécessite de l'écoute, de prendre le temps de croiser son regard avec d'autres conceptions (par exemple, le Tribunal dans lequel le Parquet représentant la Société, et l'Avocat de la Dépense et le Juge échangent avant la prise de décision finale), d'éviter les ressentis ou les jugements trop rapides, et de s'informer pour discerner.

Et surtout pour un Chrétien, c'est le regard du Christ, attentif à chacun dans sa complexité, dans ses paradoxes, qui est un exemple.

Le Pape François invite à agir avec plus de justice pour les pauvres. Et en particulier les migrants nous interpellent et forcent nos berges pour plus d'actions.

Dans un monde où nous pouvons être désespérés à chaque instant, ou bien préférer ignorer la situation réelle et nous enfoncer dans notre zone de confort, l'Espérance nous aide à prendre un chemin de traverse, à avoir un regard plus apaisé et à nous donner la volonté d'agir. L'Espérance, une ancre dans notre foi, comme nous allons le voir.

Lorsque le Pape François (son livre "Bienheureuse Espérance !" aux éditions Parole et Silence) parle d'espérance, il nous exhorte à regarder notre existence avec un regard nouveau, surtout maintenant qu'elle est soumise à une dure épreuve, et à la regarder avec les yeux de Jésus. Il définit l'Espérance comme "la plus petite des vertus, mais la plus forte". Il explique aussi "c'est la plus humble des trois vertus théologales car elle reste cachée", "la vertu de l'Espérance est belle, elle nous donne tant de force pour marcher dans la vie3.

 

Pour Jean-Paul 1er "L'Espérance est une vertu obligatoire pour tout Chrétien".

 

Saint Jean-Paul II "Les Chrétiens sont témoins de l'Espérance". Il nous invite à redécouvrir la vertu théologale de l'Espérance, qui d'une part exhorte le Chrétien à ne pas perdre de vue le but qui donne sens et valeur à toute son existence et d'autre part lui offre des motivations solides et profondes pour son engagement quotidien dans la transformation de la réalité afin de la rendre conforme au projet de Dieu.

 

Benoît XVI consacre toute une encyclique, Spe Salvi, à l'Espérance. Il la décrit comme une vertu performative, c'est-à-dire capable de produire des faits et de changer la vie.

 

Encore une fois cette année, regarder, discerner, transformer, vont nous permettre de grandir et à notre échelle, aussi minime soit-elle, d'essayer d'agir avec plus de justice et d'espérance.

 

Le Père Camille De Gandt nous parle de l'interrogation proposée par l'équipe nationale : "Comment agir pour plus de justice ?".

 

Le mot justice dans la Bible ne concerne pas d'abord la justice, l'égalité, mais l'invitation à "s'ajuster" au dessein de Dieu qui veut sauver le monde et chacun en particulier. Mais on a quand même de nombreuses dénonciations des injustices, de l'exploitation des gens dans le livre du Prophète Amos, et pour le Nouveau Testament dans les attitudes de Jésus envers Zachée, ou la parabole du pauvre Lazare à la porte de celui qui fait des banquets, et la lettre de Saint Jacques.

 

La justice, ça commence déjà en famille en respectant chacun des membres. Et il y a des moments difficiles par exemple lors des successions.

 

La tentation pourrait être de sélectionner les aspects qui touchent plus en oubliant les autres. Certains sont plus sensibles aux impôts, au gâchis dans les dépenses publiques, mais beaucoup moins aux questions sociales. Et on peut avoir aussi l'inverse : on est ouvert aux inégalités, mais moins à la marche de l'Etat. C'est vrai qu'il n'y a pas de justice sans un minimum d'ordre, mais l'inverse est vrai aussi.

Elargissons notre réflexion, l'enjeu est aussi celui de la paix : les Papes ont rappelé qu'il n'y a pas de paix possible dans le monde quand il y a de trop gros écarts entre les gens, entre les peuples.

 

Un autre écueil serait d'acquérir des convictions fortes, une grande conscience des inégalités, des injustices, de vouloir des solutions en oubliant que des actions, des efforts se vivent déjà même s'ils sont lents ou peu spectaculaires. Par exemple, les efforts de l'Union Européenne pour limiter la pression des majors d'internet sur les états et les populations. On pense aussi au travail quotidien des services sociaux officiels, des CCAS, du Secours Catholique, d'ATD, etc …

 

L'enquête de l'ACI peut être pour nous un lieu de conversion car pour chacun de nous, nous sommes enclins à dénoncer les injustices chez les autres et beaucoup moins à prendre conscience que, nous aussi, nous pouvons être injustes envers les autres et envers la société. Essayons de dépasser certains agacements pour regarder la complexité des situations. Nous sommes invités à discerner nos sources d'information. Discerner pour un Chrétien, c'est le plus possible le faire à la lumière de l'Evangile. On a besoin de nous écouter en équipe pour laisser l'Esprit Saint agir en chacun de nous.

La justice, ça commence par un regard, un certain regard, celui de Jésus : voyant une pauvre femme mettre une petite pièce dans le tronc du Temple, Jésus dit aux Apôtres "Elle a donné plus que les autres, elle a donné tout ce qu'elle avait pour vivre". Luc, 21,1.

 

 

Témoignage de Sœur Claire

 

Je ne vous parlerai pas de justice mais de "justesse". La justesse est au quotidien et est au service de la justice."Avoir le droit", rien ne se situe sur "j'ai le droit ou pas", mais sur "Est-ce que c'est bon pour moi ? pour l'autre ? pour la communauté ?

On me pose souvent la question "Est-ce que je peux sortir du monastère, de la clôture ?" Pas tous les jours, sinon je ne suis pas là où je dois être.Lorsque nous rentrons à la Communauté, la 1ère année nous ne prenons aucun engagement, nous pouvons entrer et sortir du monastère à notre guise.

La 2ème année est celle où on nous demande de nous investir dans la communauté. Mon père avait peur de cette année de coupure. Après réflexion en communauté, j'ai eu la possibilité de le rencontrer 3 fois dans l'année. Il était important que je puisse aussi lui donner de mon temps.

Lorsque j'étais infirmière, on m'a demandé de donner des soins à un patient, je devais lui faire une piqûre, je savais que cette piqûre pouvait lui être fatale. Alors j'ai dit "Non, faîtes-la vous-même" En conscience, la demande n'était pas "ajustée". Je suis là pour soigner, pas pour tuer.

La règle de Saint Benoît ne nous donne pas l'autorisation de manger de viande, mais si une sœur en a le besoin, nous lui en donnons. Nous sommes appelées quotidiennement à discerner.En communauté je donne un avis, il n'est pas retenu pour diverses raisons. J'accepte le choix de la communauté, c'est comme cela.

Saint Benoît nous pousse vers cette justesse, c'est-à-dire trouver et vivre du "juste milieu". Il nous invite à vivre avec humilité de corps et d'esprit à "monter les degrés avec humilité".

Saint Benoît bannit le réflexe de possession. Il nous invite, nous demande une dépossession totale. Nous ne nous approprions rien.

Chez les Sœurs Clarisse, elles vivent d'une autre forme de justesse qui est la pauvreté. Faire la justice est plus facile que vivre avec justesse.

La justesse est fatigante, mais ça vaut la peine.Le vœu d'obéissance est tout sauf servilité. J'obéis en toute liberté. La limite de l'obéissance est l'Evangile. Une stagiaire faisait tout ce je demandais. Il a fallu avec elle clarifier ce qu'était l'obéissance.

Lorsque nous voulons décider quelque chose en Communauté, après consultation c'est la Prieure qui prend la décision : on va essayer, réajuster, revenir en arrière,…… En suivant la règle de Saint Benoît, nous arriverons toutes ensemble jusqu'à la vie éternelle. Il y a des sœurs qui marchent vite, d'autres pas, nous prenons les moyens pour arriver ensemble au but donné.

Il est important de remettre son avis à la Communauté. Chacune essaie de rentrer dans la décision prise. Le rôle de modérateur revient à l'Abbesse.

La fin de vie? Nous sommes appelées à accompagner pour que la vie soit jusqu'à la vie. Nous travaillons en lien avec les médecins pour continuer ou pas le traitement donné, tout ça dans la justesse.

La douleur est insupportable et déshumanise

 

Messe avec la Communauté ……Puis repas tiré du sac.

Temps fraternel où l'on se raconte, s'écoute. Il y a des rires, des fou-rires. Joie de se retrouver pour partager …… Gâteaux, recettes, salades composées et autres.

En toute liberté, nous sommes invités à prier l'office du milieu du jour.

 

L'espérance

Ce thème est d'actualité. Aujourd'hui, l'espoir est fragile.L'histoire d'Abraham tient par une promesse, la promesse de Dieu : quitte ta terre, tes descendants … Dieu lui propose un chemin à parcourir incarné dans une alliance. Croire en une promesse avant qu'elle ne se réalise.

Ce n'est pas une espérance passive chez Abraham, il a beaucoup marché, affronté des problèmes, des dangers, il a eu des audaces, il a fait face.

Comment ressourçons-nous notre espérance ?Une promesse puis une alliance oblige à entrer en relation.

Dieu donne d'abord une promesse. Dans le Psaume 86, il se fait connaître bon et miséricordieux en paroles et en actes ……

Il descend sauver son peuple (Ex 3), puis l'humanité. Quelle place dans notre vie occupe la promesse de Dieu ?

 

Compatir à la souffrance parce qu'il y a la promesse d'une terre nouvelle ……

Voir le mal partout est un affront à l'espérance.

 

Au Ps 42 un prêtre est exilé hors d'Israël, il a la nostalgie de ce qui se passe au Temple, il a des pensées noires, il se sent écrasé.

Il évoque son manque d'espérance, On lui dit : "Ton Dieu, que fait-il donc ?" Il répond : "A quoi bon me plaindre de mon sort, mieux vaut espérer. Le Sauveur n'est pas celui qui fait à ma place. Dans ce lieu de déprime, que le Seigneur me montre sa bonté".

 

Dans les périodes difficiles, espérer c'est cesser de rester enfermé en soi-même, à broyer du noir. C'est s'appuyer sur Dieu qui tient ses promesses et ouvre l'avenir.

Se mettre en route comme Abraham, c'est faire confiance aux autres. C'est voir plus loin que le bout de son nez.

Quelle place à l'espérance pour nous ?

L'espérance est concrète, elle est de chaque jour.

L'espérance d'Abraham repose sur la foi.

Dans notre vie, essayons de découvrir les signes de l'inattendu : l'inattendu de Dieu qui nous fait vivre de l'espérance qui est en nous (Saint Paul).

 

 

Nous nous mettons en carrefour pour réfléchir aux textes suivants.

 

Abram père dans l'Espérance Gn 15,1-7, 12,16-18.

A travers des discussions et des échanges
A travers une homélie
"Tes descendants seront des immigrés ……" comme les migrants d'aujourd'hui
Dieu s'adresse à nous par l'Evangile et l'Esprit saint
Etre imprégné de la parole de Dieu dans le partage communautaire
La chance n'est parfois pas anodine.

 

D'un petit rien Marc 4,26-34.

Les petites graines en train de germer :

Divorcée, mes enfants sont tous à la fac. Je les ai accompagnés, c'est ma fierté et ma récompense
A l'aumônerie du lycée, ma fille continue à avoir la foi.
Ce ne sont pas les petites graines qu'on a semées avec amour qui poussent le mieux
Espérer dans les graines que l'on dépose sans en voir les résultats
On ne sait pas comment la graine va pousser, mais ce n'est une raison pour ne pas semer.

 

Saint Paul nous encourage et loue les vertus théologales : la foi, l'espérance et la charité. 1C 12,31-13, 13

 

Comment suis-je témoin dans mon milieu de vie des signes de cet amour ?

Se soucier des autres et s'ouvrir aux autres, s'abaisser au niveau des enfants
Etre empathique et à l'écoute
Chercher ensemble
Donner sans attendre de retour
Avoir le souci d'écouter et de regarder
Accepter l'inattendu et d'être dérangé
Ecouter les muets et regarder les invisibles
L'amour prend patience
Semer dans l'espérance
Passer l'après-midi à visiter les résidents à l'EPADH
Rester ouverte aux visites des jeunes amis de nos enfants, et être disponible à ma famille
Les petites graines ont de plus en plus de mal à germer.

 

Ils nous précèdent en Galilée. Marc 16,1-8

Etre croyant, c'est être actif, se déplacer vers la Galilée
N'y a-t-il pas quelque chose de la présence de Dieu quand tu me parles ?
Certaines de ses paroles réveillent en nous des choses profondes. Dieu se révèle dans l'écriture
Il est là où on ne s'attend pas à le trouver
Par ses réflexions et ses écritures, le Pape nous laisse un message
Regarder les autres comme Lui nous regarde
Le Pape nous encourage à aller voir les plus pauvres
Un jeune Scout décède à Laon pendant le Covid, l'organisation d'une course permet de récolter plusieurs milliers d'euros pour la recherche contre le cancer
Voir le Christ ressuscité, agir dans nos vies, l'Esprit Saint est présent dans les mystères de la vie
Les miracles de la vie ordinaire sont l'œuvre de Dieu
L'Esprit Saint a amené Jésus dans le corps de Marie, Il confirme sa venue et soutient l'action des Apôtres.

 

Le Père Camille De Gandt conclut cette journée en nous disant :

Nous sommes peu nombreux, mais cette journée nous enrichit les uns les autres. Nos équipes sont fragiles mais c'est du vivant.

 

Si l'Espérance t'a fait marcher plus loin que ta peur, tu auras les yeux levés, alors tu pourras tenir jusqu'au soleil de Dieu.

Si ta colère t'a fait crier justice pour tous, tu auras le cœur blessé, alors tu pourras lutter avec les opprimés.

Octobre 2023

 

Chantal Créach pour l'équipe Territoire ACI du Diocèse de Soissons

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